Émilie
37 ans
Nice
Interview avec animatrice Émilie
Pouvez-vous nous parler d’un moment mémorable ou d’une expérience marquante que vous avez eue en tant qu’animatrice ?
Il y a des instants où la réalité du métier prend un visage bien plus profond que prévu. Une nuit, un appel m’a laissé une empreinte indélébile : un homme, débordé par le chagrin, cherchait une oreille. Il venait de perdre un proche et se sentait terriblement seul, sans personne vers qui se tourner. À mesure que nous parlions, sa douleur se diluait dans les mots, comme s’il se délestait, morceau par morceau, de ce fardeau pesant.
Ce moment a été un rappel puissant. Au-delà de la voix que je prête, il y a une présence, un soutien. C’est la preuve que quelques minutes peuvent suffire à rompre l’isolement d’une personne. Ces échanges résonnent profondément parce qu’ils montrent que, même à distance, on peut insuffler un peu de réconfort et de chaleur. C’est ce genre de moments qui donne toute sa valeur à ce métier.
Comment trouvez-vous un équilibre entre votre vie personnelle et votre travail, qui peut être émotionnellement engageant ?
Trouver l’équilibre entre ce travail et la vie perso n’a rien de simple ! On pourrait croire que c’est « juste » des appels, mais en fait, on reçoit parfois de vraies confidences. Imaginez un peu : chaque conversation, c’est un moment partagé, des émotions, des histoires… alors forcément, ça demande de l’énergie.
Du coup, j’ai appris à me ménager. Après chaque appel, je prends un petit moment pour souffler. Rien de compliqué : ça peut être une courte balade, un bon bouquin, ou même cinq minutes à méditer. Juste le temps de revenir à moi, de me « déconnecter » des histoires entendues. C’est comme si, entre chaque échange, je refermais un chapitre et en ouvrais un nouveau.
Et puis, j’ai compris qu’il fallait savoir « laisser de côté » ce que les gens partagent, un peu comme on laisse son sac au vestiaire. C’est essentiel pour ne pas ramener toutes ces émotions chez soi. Au final, ce job m’a aussi appris à être à l’écoute de mes propres besoins. C’est un exercice d’équilibriste, mais ça en vaut la peine. Je peux ainsi offrir le meilleur de moi-même, sans m’épuiser, à chaque personne qui appelle.
Quelles sont les raisons qui poussent les clients à contacter des animatrices de téléphone rose d’après votre expérience ?
Alors, qu’est-ce qui pousse les gens à appeler ? Les raisons sont multiples, mais ce qui revient souvent, c’est un besoin d’échange humain. Vous savez, beaucoup de personnes se sentent seules, même dans un monde ultra-connecté, et n’ont personne à qui parler librement de leurs pensées ou ressentis. Pour eux, un simple appel devient un espace où ils peuvent se confier sans masque, sans jugement. C’est un peu comme trouver un refuge à l’autre bout du fil.
Certains cherchent juste à ressentir un moment de chaleur, une connexion sincère, voire un brin d’amusement pour s’évader de la routine. Ce qui m’étonne toujours, c’est ce besoin commun d’être compris et accueilli, tel qu’on est. Chaque appel, au fond, c’est ça : créer un lien, même fugace, qui apporte un peu de réconfort.
En un mot, être là, vraiment là, c’est tout ce qui compte.